Ill Manors
Depuis The Defamation Of Strickland Banks, le jeune Ben Drew n’a pas arrêté de tourner partout dans le monde. Avec le succès commercial autant que critique, Plan B s’est fait connaitre sur la scène mondiale. Ce jeune homme de vingt-sept ans n’est pas que chanteur, il est aussi réalisateur et acteur. Tous ces éléments expliquent la genèse de ce disque. Ill Manors est avant tout un projet cinématographique de la part de Ben Drew, parlant du quotidien d’un groupe de jeunes voyous vendant de la drogue et se prostituant. La bande son de ce film … est Ill Manors de Plan B. Un disque collant à l’ambiance du long-métrage ? Difficile de dire le contraire.
De bout en bout Ben Drew rend ce disque incontournable. Mais avis aux âmes sensibles, c’est un disque très dur, violent dans les sons. On ne ressort pas indemne de cette expérience particulière qui lui vaut quelques petits défauts. Mais avant de parler de ces points faibles, parlons des énormes qualités d’Ill Manors. Vous voulez une ambiance sonore marquante ? Vous l’avez ici. Plan B nous livre ici un CD très riche dans son contenu. En écoutant quelques petits morceaux par-ci par-là on pourrait se dire que les titres se ressemblent énormément et ne se différencie pas. Loin de là. Tout du long des pistes nous sommes plongés dans l’ambiance des banlieues londoniennes. En majorité rap, quelques morceaux sortent du style comme Lost My Way aux consonances très funky. Ce morceau est surement le plus étonnant d’Ill Manors. On ne s’attend pas du tout à ce genre de morceau dans un disque comme celui-ci. Un rythme de batterie particulier, un piano très présent et des voix qui se répondent. Etonnant, mais jouissif. La chanson éponyme de ce disque est aussi très particulière. Pas désagréable, la patte des Prodigy se fait immédiatement sentir. Beaucoup de sons électroniques, des percussions qui fusent de partout et des violons derrière, rythme principal du titre. Il y a tellement de sons différents dans ce CD à découvrir.
Lost My Way - Plan B
Ill Manors nous plonge dans une ambiance très sombre, très décalé de la société anglaise que l’on peut s’imaginer. Tout du long de ce disque, on est mis dans l’ambiance, on n’en décolle pas, et on ressort enrichi. Ce CD est très instructif en soit, il ne nous lâche pas en cours de route. Servi par des sons de guitares folks, toujours autant appréciés par Ben Drew. Deepest Shame le montre merveilleusement bien : Une guitare acoustique, la voix et le rythme de batterie. Un morceau simple pourtant, avec une voix plaisante suffit pour faire passer un message très fort, très puissant. L’album sert à faire passer un message bien évidemment, une critique envers une société injuste mettant en avant les tous puissants. Très bien, l’idée est bonne. Bien réalisé à un défaut prêt ! Pity The Plight. Cette chanson est d’une violence inouie. Pas les paroles en elle-même que beaucoup de monde ne comprendront pas, c’est le fond sonore que l’on entend derrière. Des cris d’enfants atroces, souffrant, des coups de poignard et un message terrible derrière tout ça. Le titre prend aux tripes, peut-être un peu trop tout de même.
Ill Manors est un album à écouter au moins une fois dans sa vie. Pour sa portée critique, pour son écriture parfaite et sa réalisation terrible. Véritable coup de poing musical et social, Ben Drew prouve que l’on peut faire de la très bonne musique autour d’un sujet sérieux. En enlevant le macabre et violent Pity The Flight, l’album touché l’excellence. Dommage, que ce morceau remette en cause le travail effectué et pousse le bouchon trop loin sur la violence des cités.
Deepest Shame - Plan B
S.Lozac'h
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