Hail To The Thief
Déjà une carrière bien rempli pour Radiohead. Sixième album dans la discographie du groupe après l’enchainement des deux albums Kid A et Amnesiac, très électronique et déroutant. Hail To The Thief se place donc pour les fans des premiers albums, comme l’espérance du retour aux sources beaucoup plus rock du groupe. Mais Hail To The Thief fait une sorte de best-of dans la carrière du groupe, mixant les deux styles touchés par le groupe pour un résultat assez mitigé.
L’introduction a déjà expliqué le contenu de cet album. Une partie rock plutôt convaincante et
une partie électronique plutôt déstabilisante. Si l’on s’attarde sur la partie rock, on retrouve
des morceaux très bien construit qui monte très souvent crescendo, avec des finales très
explosives comme sur 2+2=5. Petit à petit tous les instruments se mettent en place, d’abord la
guitare très calme, très paisible, puis la voix reconnaissable de Thom Yorke. Derrière ce titre,
il y a quand même quelques beats ressemblant à des bruits de batterie. L’essence électronique de
Radiohead se fait toujours sentir loin d’être oublié dans ces morceaux rock, mais il est vraiment
très plaisant d’entendre des chansons plus rapide et plus teinté de la culture rock du groupe
anglais. C’est très appréciable et l’introduction de cet album (2+2=5) représente bien l’album
en lui-même, contenant du très bon mais ce n’est pas tout.
Les morceaux rock comme je l’ai dit monte très souvent crescendo, à peu près tous. Une grande
réussite de cet album est dans la multitude de sensation que l’on peut ressentir à l’écoute de
l’album. La peur grandissante avec Sit Down, Stand Up et la voix frissonnante de Thom Yorke. La
pitié et la compassion sur des titres comme Sail To The Moon ou encore A Wolf At The Door. Un
sentiment d’enfermement et d’oppression avec la guitare de Backdrifts. Vraiment Hail To The Thief
réussi à faire passer énormément d’émotion étonnante et déroutante grâce à cette palette de style
musicale touchée. Bien sûr ce n’est pas toujours payant, mais dans l’ensemble le nombre de
sensation que l’on ressent est énorme et intéressant.
There There (The Boney King Of Nowhere) - Radiohead
Mais voila, toutes ces bonnes choses sont un peu gâché par la présence des morceaux
électroniques qui sont vraiment un ton en dessous. The Gloaming, expérimentation étrange, composé
que de sample crée par Jonny Greenwood. Sur cet album, ce titre apparait comme en trop. Bien sûr
il fait monter la pression dans l’album, fait peur, inquiète l’auditeur, mais il est beaucoup
trop difficile à écouter et déroutant, car il ne contient en réalité, aucun instrument acoustique
comme l’on peut connaitre. Il n’y a pas de batterie, pas de guitare, juste une petite ligne de
basse qui se répète inlassablement. Where I End And You Begin souffre du même syndrome, s’éloigne
vraiment des pistes plus rock, malgré que celle-ci à l’instar de The Gloaming contienne les
instruments classiques du groupe. Cette facette de l’album est vraiment très étonnante et
difficile à appréhender pour le fan de Radiohead.
Enfin il faut vraiment dire ce qu’il en est, Hail To The Thief souffre vraiment du syndrome
best-of de toute la carrière de Radiohead. Ce disque est un peu une sorte de fourre tout générale
ou se mêle tous les styles musicaux que Radiohead a pu toucher ou côtoyer durant son temps
d’activité musicale. Dans ce CD, on retrouve des morceaux qui rappellent les débuts du groupe
comme Go To Sleep ou encore Myxomatosis, rock fougueux et dynamique qui ne contient que très peu
d’arrêt. On retrouve aussi des morceaux pouvant faire penser à l’époque OK Computer
(album de 1997), comme There There, fresque musicale montant crescendo jusqu’à l’apothéose finale.
Et on retrouve aussi des morceaux beaucoup plus touchés par la période Kid Amnesiac. Vraiment Hail To
The Thief, ne sait pas ou se placer malgré sa palette de sensation, vraiment très étoffé, et son
éclectisme totale, mais trop approximatif.
Vous l’avez compris, Hail To The Thief est un album particulier de Radiohead. Une
sorte de best-of générale de la carrière musicale du groupe, mêlant tous les styles musicaux,
reprenant les points forts du groupe et en essayant de les mixer. Une partie rock convaincante,
une partie électro plus particulière, Hail To The Thief n’est pas mauvais en sois, mais reste un
disque vraiment très particulier. Petite précision pour les personnes voulant écouter l’album,
écouter The Gloaming en version CD et ensuite en version live, vous comprendrez le principe d’une
chanson vraiment réalisée pour être jouer sur scène. Un CD de plus dans la discographie de
Radiohead, plutôt intéressant, mais bien trop étrange.
The Gloaming (Softly Open Our Mouths In The Cold) - Radiohead
6/10
S.Lozac'h