Living Things

Cinquième album déjà pour Linkin Park. Que le temps passe vite. On se souvient des morceaux plutôt rap/rock de l’époque comme In The End, Numb ou encore Somewhere I Belong. Maintenant le groupe californien en est bien loin. Remémorez-vous l’album A Thousand Suns, opus très électro, comportant des pistes très étonnantes, des introductions aux chansons qui suivent, et j’en passe et des meilleurs. Il est impossible de se douter de ce que nous réserve Living Things, retour aux sources ou bien prolongement de A Thousand Suns.

Linkin Park est un groupe qui aura toujours réussi à imposer son style plutôt commercial face à des monstres comme Rage Against The Machine ou encore Limp Bizkit. Adepte du mélange de deux styles totalement opposés, rap et rock, la bande californienne s’est fait sa place. Cet album prouve encore bien ce mix des genres, représenté d’un côté par Chester Bennington et de l’autre par Mike Shinoda. Dans ce cinquième opus l’équilibre semble trouvé. Jamais trop rock et jamais trop rap, chacun apparait autant que l’autre donnant une impression d’égalité totale. Dans un morceau comme Lost In The Echo, le couplet est plutôt teinté rap, tandis que le refrain est plutôt rock. Ce mélange ne lasse pas et rend même l’album intéressant et captivant par l’utilisation de ces deux voix, qui plus est s’additionne très bien.

Il n’y a pas à dire, l’un des points forts de Living Things résultent bien de l’utilisation de ces voix qui sans en faire trop passent énormément d’émotion : la pitié (Roads Untraveled), la peur (Until It Breaks) ou encore la compassion (Powerless). Dans cet album, l’auditeur est transporté de bout en bout par ces différentes sonorités de timbre de voix. Un gros effort a été fait sur ce point par le groupe pour rendre les morceaux plus attractifs à l’oreille (souvenez de la voix braillarde de Chester). Plus l’album avance et plus la sensation de maturité apparait avec ces efforts. Des titres plutôt travaillés au niveau instrumental (la batterie enfin très bien utilisée !), des voix mises en avant et très bien pensées. Quoi qu’on en dise Living Things ressemble enfin à l’album de la maturité malgré ces défauts.

Disque de la maturité certes, mais des défauts sont encore à corriger. Déjà que le groupe mélange rap et rock, maintenant l’électro vient se joindre à cela. Beaucoup de titres sont teintés de sonorités électro de bout en bout, comme le premier single Burn It Down, accompagné d’un sample bien pensée … mais très électro, trop électro. La mode commerciale se fait évidemment sentir. D’ailleurs ce reproche avait déjà été fait à son prédécesseur A Thousand Suns, comportant des morceaux comme Blackout, The Catalyst. A trop se diversifier, Linkin Park se brûle ra les ailes. Jongler entre deux styles reste possible, mais trois est-il possible ? Mystère. Sans être un défaut très pénalisant, le style électro abordé par le groupe pourrait se trouver très vite pénalisant.

Le vrai défaut de ce nouvel opus se situe principalement dans la complémentarité des morceaux, parfois absente. A la première écoute, ce défaut ne m’avait pas « sauté aux oreilles », bien au contraire, j’avais écris dans mes notes : « Des morceaux assez complémentaires entre eux ». Mais plus on écoute l’album, plus on remarque ces erreurs. Quelques morceaux apparaissent comme en trop et s’égare du sujet. Bien sur cela ne fait pas décrocher l’auditeur de Living Things, mais cela rend l’écoute plutôt décousu avec des titres comme Lies Greed Memory ou Victimized plus rapide et « violent » dans l’approche. Ce défaut apparait plusieurs fois dans l’album. Peu important pour certaines personnes, ce point donne l’impression d’avoir deux parties dans le disque : Les bons morceaux et le reste. Moyen, vous ne trouvez pas ?

Le mot utilisé juste avant la conclusion reflète bien l’album. Moyen. Je suis peut-être trop sévère, mais le jugement porté me semble mérité. On se laisse porter par l’écoute de Living Things, parfois ravi de ce que l’on entend, parfois dépité. Il n’y pas de juste milieu dans tous les titres proposés, soit bon, soit mauvais. Je l’ai dit, Living Things reflète l’album de la maturité, mais le résultat peut-être encore meilleur pour sûr. Linkin Park est sur la bonne voie, mais la copie a encore besoin d’être peaufinée.

S.Lozac'h

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